ALLAN



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



ALLAN



ALLAN. - Ce village est situé à 7 kilomètres sud-est de Montélimar ; il est entouré de remparts, et placé à l'extrémité sud-ouest d'un mamelon de sable assez élevé : quelques couches d'argile qui soutiennent ce sable n'empêchent pas l'eau de le miner, au point qu'avant un siècle le mamelon sera vraisemblablement en grande partie éboulé.
La population est de 1,124 individus dont 300 habitent le village, et le reste les hameaux et les fermes. Il y a une eglise et un temple : les catholiques sont au nombre de 994, et les protestans de 130. Il y a deux foires par an. On y fabrique des étoffes grossières.
Le territoire, qui a 8 lieues de circonférence, renferme plusieurs hameaux, tels que le Ferrent, Sastre, Mège, Pinton et Morsinas.
Les productions principales sont les céréales, la soie, et surtout le vin. Il est fort estimé et rivalise avec ceux de Donzère et de Roussas ; il supporte le transport. Les quartiers de Condoulin et de Monceau produisent le meilleur.
C'est dans cette commune qu'ont été plantés les premiers mûriers apportés en France, et il en existe encore un d'une grosseur prodigieuse dans le domaine de Bovoir.
Allan fut presque toujours habité par des seigneurs puissans, attirés dans ce lieu par la salubrité de l'air et la beauté du site.
Sur la fin du Xme siècle, il appartenait aux Adhémar, qui le vendirent, en 1337, à Robert, comte de Provence. Il passa ensuite à la maison de Poitiers, aux Guy-Pape et aux la Tour-du-Pin-Montauban.
Il y a dix ans qu'on y voyait encore le château que J.-J. Rousseau avait promis à M. de la Tour-du-Pin de venir habiter, lorsque ce gentilhomme alla visiter, dans la principauté de Neufchâtel, l'illustre citoyen de Genève. L'appartement qui lui fut alors destiné conservait le nom de chambre de J.-J. Rousseau. « Je regrette beaucoup, m'écrivait M. le colonel Ferrent, en avril 1817, que ce grand homme ne soit pas venu demeurer dans mon village ; il aurait pu se livrer dans nos vallons à ses goûts philosophiques, et botaniser tout à son aise dans la garenne du château, qui est fort riche en simples. Nous éprouverions aujourd'hui une sorte de fierté en parcourant des lieux que le séjour de l'immortel Jean-Jacques n'eût pas manqué de rendre célèbres. »
Depuis lors, le château a passé à une compagnie qui l'a fait démolir pour en vendre les matériaux. Les beaux arbres de la garenne ont été coupés, et il n'y a plus de tout cela que des souvenirs et des ruines.
On remarque, au midi et à quelque distance du village, les restes gothiques de l'église de Barbara, autrefois Barbatoe ara, et ensuite Sainte-Barbe, lorsqu'elle devint l'église de la paroisse.
Les trapistes d'Aiguebelle ont une propriété avec un oratoire au quartier d'Aubagne.
Allan est la patrie d'Alphonse Costadau, religieux dominicain, professeur de théologie à Lyon vers 1730. Il est auteur d'un Traité historique et critique des principaux signes dont nous nous servons pour manifester nos pensées, en 3 parties. Lyon, 1717-20-24, 12 volumes in-12, ouvrage diffus dont on n'estime guère que la 3me partie purement théologique.

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